Les projecteurs de la Galleria d'Arte Maggiore g.a.m. s'allument à 17h30 le samedi 19 janvier sur l'œuvre mystérieuse et fascinante de Graham Sutherland, un artiste anglais de renommée internationale décédé en 1980 après s'être consacré à diverses formes d'art - de la gravure à la peinture à l'huile, de l'aquarelle à la conception d'objets en verre - et même à des thèmes variés - du paysage à l'illustration de textes imprimés, de la peinture religieuse à celle de scènes de guerre. Au sein d'une production si riche, les conservateurs Franco et Roberta Calarota ont sélectionné un parcours précis qui met l'accent sur son activité de graveur et d'artiste graphique, sur la production d'huiles et d'aquarelles et sur la célèbre série de gravures consacrées aux abeilles, afin d'offrir aux visiteurs une clé claire pour entrer en contact avec un grand maître de l'art contemporain.
Graham Sutherland, né à Londres en 1903, appartient à ce groupe d'artistes qui ont commencé une réexamination critique des avant-gardes historiques du début du XXe siècle, en se distanciant à la fois de ce type de recherche et de l'art informel. L'objectif est de redécouvrir son identité d'artiste au sein de la culture figurative européenne et de se réapproprier la tradition picturale et figurative, tout en les reliant à la réalité de la scène politique contemporaine tragiquement marquée par la Seconde Guerre
mondiale. Dans la toute première production de Sutherland, centrée sur la création d'estampes de paysages pastoraux idylliques, on peut reconnaître une forte affinité avec la recherche de Samuel Palmer et donc avec la ligne du néo-romantisme et de la tradition figurative anglaise. Cependant, à partir des années 1930, lorsqu'il commence à se consacrer à la peinture à l'huile, Sutherland remplace la vision sereine de Palmer par une forte intensité émotionnelle, dérivée du drame de William Blake, qui le conduit à désintégrer la forme du sujet puis à la réassembler en assemblages hybrides caractérisés par la présence de traits anthropomorphes ou végétaux qui prennent vie dans une atmosphère nocturne, magique et inquiétante d'un moule presque surréaliste, si bien qu'en 1936 l'artiste expose à l'Exposition Internationale du Surréalisme à Londres.
Des sujets de ce type apparaissent également dans les 26 lithographies qui composent le premier bestiaire créé par l'artiste en 1968, un véritable catalogue visionnaire de pure fantaisie dans lequel les sujets subissent d'étranges processus de métamorphose, et dans celui de 1979, créé pour illustrer l'œuvre d'Apollinaire. Ces interprétations anthropomorphes n'apparaissent pas dans le microcosme des abeilles, publié en 1977, que la Galleria d'Arte Maggiore propose d'offrir au public dans sa forme complète en exposant les 14 eaux-fortes et aquatintes sur plaques de cuivre qui composent le cycle. Parallèlement à ce type de production, Sutherland mène d'autres types de recherches influencées surtout par l'expérience terrible du conflit mondial - de 1940 à 1945 il réalise de nombreuses œuvres officielles en tant qu' "artiste de guerre" - et par la conversion au catholicisme qui le conduit à produire à partir des années 1950 de nombreuses œuvres de nature religieuse. La renommée internationale est venue du vivant de l'artiste : en 1946, il expose pour la première fois à New York à la Buchholz Gallery de Curt Valentin. En 1948, ce fut le tour de la Hanover Gallery à Londres et de la Buchholz Gallery à New York. En 1952, à l'occasion de son exposition personnelle à la Biennale de Venise, il visite l'Italie et l'exposition, élargie en une rétrospective, est présentée la même année au Musée National d'Art Moderne de Paris. Une autre rétrospective, organisée par le Arts Council of Great Britain en 1953, est exposée au Stedelijk Museum d'Amsterdam, au Kunsthaus de Zurich et à la Tate Gallery de Londres. En 1959, il tient une exposition personnelle à New York, organisée par Paul Rosenberg and Co. D'autres expositions ont été organisées en 1966 à la Marlborough Fine Art de Londres et en 1967 au Wallraf-Richartz-Museum de Cologne et au Gemeentemuseum de La Haye. Parmi les expositions posthumes les plus importantes, il faut certainement se souvenir de celle de la Tate Gallery en 1982 et de la Dulwich Picture Gallery en 2005.