Au-delà des limites de l'espace et du temps, les œuvres du maître italien du XXe siècle, Giorgio Morandi, sont une source d'étude et d'inspiration pour les artistes contemporains les plus importants. Franco et Roberta Calarota, avec la contribution d'Hélène de Franchis, proposent aujourd'hui une exposition sans précédent dans les salles de la Galleria d'Arte Maggiore g.a.m., après l'avant- première accueillie avec enthousiasme par le public américain lors de la dernière édition du Armory Show à New York. L'objectif de ce projet est de démontrer à quel point la conception artistique de Morandi est toujours d'actualité et, en particulier, comment elle suscite la réflexion chez l'un des principaux artistes contemporains italiens, Ettore Spalletti, actuellement protagoniste de trois importantes expositions personnelles au MAXXI à Rome, au GAM à Turin et au MADRE à Naples.
Connu dans le monde entier, Giorgio Morandi (Bologne, 1890-1964) n'a besoin d'aucune présentation. Parmi les nombreuses lectures critiques de son œuvre, l'exposition proposée par la Galleria d'Arte Maggiore veut souligner comment, à travers une économie de sujets et de couleurs, Morandi opère une abstraction qui va au-delà de l'objet figuré sur la toile, atteignant un équilibre formel de lumière, de couleur et d'espace qui ouvre la vision à une nouvelle dimension, une réalité autre où l'essence du tout est protagoniste. En ce sens, son art n'est datable ni au passé, ni au présent, et pour cette raison, il a été précurseur des mouvements minimalistes et abstraits ultérieurs ainsi que des mouvements figuratifs, restant et étant toujours d'une grande actualité.
Avec ses œuvres, Ettore Spalletti (Cappelle sul Tavo, 1940) recrée dans l'espace ce que Morandi réalisait sur la toile. Sortant du cadre du tableau, ses œuvres monochromatiques visent à recréer dans l'environnement où elles sont insérées un espace atmosphérique constitué de lumière et de couleur. Comme il le confirme lui-même : "vous entrez dans une pièce et vous sentez que ce lieu perd la réalité de sa couleur pour acquérir la valeur chromatique distribuée en son sein". En effet, si les paysages de Morandi sont eux-mêmes une abstraction, comme il ressort d'une observation rapprochée de la toile où l'on ne distingue que des taches de couleur et non les formes de la nature ou des bâtiments et où l'être humain n'est jamais présent, Spalletti vise à faire marcher le spectateur dans l'atmosphère où ses œuvres sont contenues. Atmosphère qui se charge des pigments de lumière et de couleur qui se déplacent dans la pièce. Pour utiliser encore une fois ses propres mots, Spalletti dit que : "l'art contemporain assume la responsabilité de l'espace, contrairement à l'art ancien, où il est délimité par le cadre". Dans de nombreuses interviews, Spalletti lui-même fait référence à la façon dont il aime souvent créer ses œuvres près d'un tableau de Morandi, lors des expositions qui l'ont vu protagoniste dans les plus importants musées du monde, plus souvent en compagnie d'artistes internationaux qu'italiens.