Louise Nevelson
Née à Kiev, en Ukraine, et ayant vécu toute sa vie aux États-Unis à partir de 1905, Louise Nevelson (1899-1989) était une sculptrice avec un langage artistique unique : un travail conscient d'assemblages de différents matériaux, surtout le bois, provenant de l'utilisation et de la désuétude de meubles et d'objets. Récupérés partout, dans le contexte quotidien, ces matériaux se révèlent spéciaux car ils sont déjà formés, c'est-à-dire qu'ils ont une histoire, une mémoire, un passé. Pour Nevelson, en tenir compte signifie mettre en avant l'action humaine qui est venue avant, et la continuer. Elle a étudié à New York avec K.H. Miller à l'Art Students League, et à Munich avec H. Hoffmann. Grâce à sa production sculpturale, influencée par les grandes avant-gardes du XXe siècle, et en particulier le cubisme et le mouvement néo-dada américain, elle peut être considérée comme l'une des figures les plus significatives de l'art post-Seconde Guerre mondiale. La période de sa maturité artistique, la plus connue du grand public, commence par une phase intermédiaire - néanmoins consciente et loin d'être confuse - dans laquelle l'artiste ukraino-américaine expérimente la spatialité sculpturale dans la compacité, dans la synthèse du sujet représenté. La noirceur uniforme évite la dispersion ; la densité et la sobriété formelle maintiennent la composition
des parties incluses. Un exemple frappant est The Big Cat (terracotta peinte en noir, vers 1955) : la pureté géométrique des formes ; ses volumétrie pleinement dominantes même dans les petites à moyennes dimensions ; ses grandes surfaces intactes ; le visage émergeant des graffitis ; la synthèse du sujet et la cohérence stylistique, perçues dans l'utilisation seule de la terre cuite - se conjuguent en une combinaison authentique qui transforme la masse noire en un personnage animé qui a une marque fabuleuse, plutôt que descriptive. En ce sens, comme le souligne Eleanor Munro, « ses compositions se situent à la frontière entre le surréalisme et l'abstraction ».