Giacomo Manzù (1908-1991), fils d'un cordonnier et sacristain d'une petite paroisse de la province de Bergame dans le nord de l'Italie, deviendra un artiste internationalement reconnu et le sculpteur le plus estimé du pape Jean XXIII. Il se consacre à la sculpture après avoir reçu sa première commande en 1929, la décoration de la chapelle de l'Université catholique de Milan. En 1933, il expose une série de bustes à la Triennale de Milan, ce qui lui vaut une popularité nationale.
En 1936, lors d'une visite à Rome, il est frappé par la vue de cardinaux entourant le pape dans la basilique Saint-Pierre ; deux ans plus tard, en 1938, il sculpte la figure d'un cardinal catholique romain, initiant une série de plus de 50 sculptures en bronze de cardinaux assis ou debout. Il produit également de nombreux portraits tendres de figures féminines, tels que le Portrait de Francesca Blanc qui lui vaut le Grand Prix de la Quadriennale de Rome en 1942, ainsi que de nombreuses œuvres inspirées par sa muse et épouse Inge Schabel, une ballerine allemande et compagne de toute une vie.
En 1948, il remporte le premier prix de la sculpture italienne à la Biennale de Venise. En 1950, il est choisi par le pape Pie XII pour créer un ensemble de portes monumentales en bronze - la Porte de la Mort - pour la basilique Saint-Pierre de Rome. Le projet voit enfin le jour en 1964, après que le pape Jean XXIII se soit intéressé au travail de Manzù ; il lui confie également son portrait officiel.
En 1957, il est chargé de concevoir les portes centrales de la cathédrale de Salzbourg. Son dernier grand œuvre fut la sculpture de six mètres de haut face au siège de l'ONU à New York, inaugurée en 1989. La spiritualité a indéniablement été à la fois une nécessité innée et une source d'inspiration créative et artistique pour toutes les civilisations depuis la nuit des temps. Les œuvres de Giacomo Manzù symbolisent ce besoin ancestral à travers une expression artistique minimaliste ; cet aspect de son œuvre est visible à la fois dans la Porte de la Mort de la basilique Saint-Pierre et dans ses sculptures de cardinaux, qui incarnent une solennité absolue que l'on retrouve dans les représentations de figures religieuses à travers les cultures également. Les vêtements des cardinaux de Manzù agissent comme une déclaration visuelle d'un rôle spirituel reconnaissable : ils enveloppent la figure humaine, fusionnant avec elle et devenant un tout indissoluble. Ce type d'iconographie est commun à travers les cultures. La focalisation sur les vêtements va de pair avec l'immobilité ; une attitude contemplative complète les images non seulement des cardinaux de Manzù, mais aussi de Bouddha, ou Daruma, ou Tara, par exemple.

Ainsi, les cardinaux de Giacomo Manzù sont un signe universellement compréhensible d'un leader spirituel ou d'une figure religieuse d'importance, malgré leur référence à un contexte spécifique.